Africana Plus

No 25 Novembre 1996.6



Réfugiés

Monsieur le Premier Ministre


Monsieur le Premier Ministre,

Nous avons su que jeudi dernier a eu lieu en Allemagne une réunion où s'est décidé le mandat de la force d'intervention. Et nous avons appris que certains politiciens, de notre pays et d'ailleurs, ont voulu réduire ou même arrêter le déploiement de la force de l'ONU. Nous voulons exprimer notre désaccord avec ceux-ci.

Bien que 400 000 Hutus aient décidé de rentrer dans leur pays natal, à savoir le Rwanda, les espions satellites ont maintenant découvert ce que les membres des Églises et des ONG ont toujours dit : il reste une importante concentration de réfugiés au sud de Bobandana, Shabunda, Walikale, Lubutu et Fizi. Des milliers de personnes sont éparpillées dans les forêts et sur les collines. La coalition des rebelles s'avance au sud d'Uvira vers Fizi. Aux environs de Goma, au sud de Bobandana et au nord de Katana, les combats continuent. L'ancienne armée hutu tient toujours, attendant que l'armée zaïroise contre-attaque et reprenne le Kivu. Les Banyamulenge essaient de briser leur résistance. Les réfugiés et les personnes zaïroises déplacées sont pris au piège, repoussés en tous sens, essayant d'échapper aux combats.

Le camp de Magunga (ouest de Goma) était l'un des 29 camps de réfugiés entre Goma et Uvira. La plupart de ces camps sont abandonnés. Leurs populations, estimées à 800 000, ont trouvé refuge dans les montagnes et les forêts vers l'ouest.

Coupés du monde extérieur et de la communauté internationale, ces réfugiés sont sans eau, nourriture, logement ou soins médicaux. Ils sont sans défense, à la merci des bandes armées, des milices ou des soldats.

L'aide humanitaire doit être aussi acheminée là où se trouvent les réfugiés, dans les forêts et dans les montagnes, c'est-à-dire loin des centres de Goma, de Bukavu et d'Uvira.

La présence de la force internationale et des organisations humanitaires dans plusieurs centres, tout en ayant une grande mobilité dans toute la région, brisera la résistance des milices. Désarmer ces milices et les soldats errants est impératif pour la sécurité des populations et pour l'acheminement de l'aide humanitaire.

Depuis des jours, les réfugiés attendent l'intervention de la communauté internationale comme étant le seul moyen d'arrêter cette spirale infernale de violence.

Nous nous joignons aux 800 000 réfugiés et déplacés, et nous vous implorons, Monsieur le Premier Ministre, d'envoyer des forces armées pour qu'ils continuent d'être des leaders dans la force internationale d'intervention. Le Canada a un rôle dominant à jouer dans cette crise africaine et, en tant que citoyens canadiens, nous sommes fiers, jusqu'ici, de son initiative en ce qui concerne la force d'intervention internationale. Cependant, il ne faudrait pas démissionner maintenant alors que nous sommes si près du but : celui de venir en aide aux plus pauvres d'entre les pauvres.

Michel Fortin,
au nom de la Société des Missionnaires d'Afrique.


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