No 70 Mars-02 2006.3
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No 70 Mars-02 2006.3
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Le carême et les plus pauvres
Dans une lettre
adressée aux membres de la communauté des Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs),
un de nos supérieurs majeurs de Rome nous invite à participer activement aux
Objectifs du Millénaire pour le Développement, objectifs universellement reconnus
et acceptés par les Nations Unies. Il nous encourage à participer à une campagne
mondiale afin de conscientiser les leaders mondiaux à utiliser tous les moyens
dont ils disposent pour éradiquer l’extrême pauvreté et la faim dans le monde,
plus spécialement celle qui touche les enfants. Pourquoi ne partagerions-nous
pas cette invitation avec tous ceux et celles qui sont dans notre entourage,
et plus spécialement nos parents et amis ? J’ose le faire ! M.F.
L’an dernier, la commission JPIC de l’USG/UISG (la Conférence des Supérieurs
Religieux masculins et féminins à Rome) a décidé que les Objectifs du Millénaire
pour le Développement (OMD) devaient devenir la référence de base pour toutes
initiatives dans le domaine de Justice et Paix. Une des raisons invoquées c'est
que ces objectifs sont universellement reconnus et acceptés par les Nations
Unies et tous les états membres. Ils permettent aussi une progression plus efficace
dans les domaines économiques et sociaux. Les gouvernements, les ONG, les agences
de développement et même la Banque Mondiale et le Fond Monétaire International
font référence à ces objectifs quand ils proposent des moyens d'actions ou s'y
réfèrent pour évaluer les progrès effectués dans les domaines économiques ou
sociaux. Un autre avantage de l’utilisation de ce cadre, c'est que chaque projet
a été décomposé en cibles précises à réaliser selon un calendrier.
Le but de cette lettre est d’expliquer le premier objectif fixé par les leaders
mondiaux et de proposer des actions que nous pourrions prendre individuellement
ou communautairement les mois prochains. Le premier objectif est d’encourager
la participation à une campagne mondiale pour inciter les décideurs politiques
à utiliser tous les moyens et orienter tous leurs efforts pour mettre fin à
la famine qui touche les enfants. Agir de concert avec d’autres est une façon
de susciter une prise de conscience du problème et d’apporter une contribution.
Cette lettre peut aussi être l’occasion de réfléchir ensemble en communauté
sur différentes façons d’être plus présents aux pauvres, spécialement les écoliers
en Afrique et cela dans notre prière, nos célébrations eucharistiques et par
d’autres actions de solidarité.
La charité est nécessaire, mais sans s’attaquer aux racines des problèmes
de famine et de pauvreté, les générations futures d’Afrique continueront à en
souffrir. AEFJN/AFJN sont des réseaux parmi d’autres, utilisés pour influencer
un changement. On pourrait peut-être profiter de ce temps de Carême pour réfléchir
sur nos façons de participer plus pleinement à ce mouvement de transformation
au niveau des structures.
L’Enseignement
Social Catholique et les Pauvres
« Quand nous prenons soin de personnes dans le besoin, nous donnons ce qui
leur revient et non ce qui nous appartient. Ainsi plus qu'un acte de charité,
c'est une justice que nous rendons. »
Saint Grégoire le
Grand
« Un des thèmes de l’Enseignement Social Catholique qui revient constamment
c'est l’option pour un amour préférentiel pour les pauvres. Aujourd’hui, cette
préférence doit s'exprimer à l’échelle mondiale, qui inclut la multitude des
affamés, des nécessiteux, des sans domicile fixe, de ceux qui sont laissés sans
soins médicaux et sans espoirs.» Sollicitudo
Rei Socialis, 1987
« Au début du Nouveau Millénaire, la pauvreté de milliards d’hommes et de
femmes reste pour nos consciences humaines et chrétiennes la question qui nous
pose le plus grand défi.»
Jean Paul II, Message
pour la Journée Mondiale de la Paix en 2000
“En face du Seigneur de l’histoire et de l'avenir du monde, les pauvres de
chaque génération et d’aujourd’hui, le nombre toujours croissant des victimes
de l’injustice et tous les oubliés de ce monde nous jettent un défi. Ils nous
rappellent l’agonie du Christ jusqu’à la fin du monde. Ces souffrances ne peuvent
pas rester extérieures à la célébration du mystère eucharistique qui nous appelle
tous à travailler à la justice et à la transformation du monde de manière active
et consciente sur la base de l’enseignement social de l’Eglise qui promeut le
caractère central de la personne humaine et sa dignité.»
Message Final, Synode
des Evêques sur l’Eucharistie, le 22 Octobre 2005
L’éradication de l’extrême pauvreté et de la faim est l’élément clef pour
un développement économique et social. C’est la véritable raison d'être des
programmes pour un développement durable. Beaucoup d’entre nous ont éprouvé
dans leur chair en Afrique et ailleurs les effets ravageurs de la misère. Notre
foi demande que nous réagissions devant cette tragédie.
Que sont les
OMD ?
Les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) se présentent sous
la forme d'un programme destiné à réduire
la pauvreté et à améliorer les conditions de vie. Ils ont été mis en place par
les leaders mondiaux au Sommet du Millénaire en septembre 2000. Pour chaque
objectif une ou plusieurs cibles ont été fixées par le Sommet du Millénaire,
la plupart pour 2015, 1990 servant de
référence.
Les objectifs
1 - Réduire l'extrême
pauvreté et la faim
2 - Assurer l'éducation
de base pour tous
3 - Promouvoir l'égalité
des sexes et l'autonomisation des femmes
4 - Réduire la mortalité
infantile
5 - Améliorer la
santé maternelle
6 - Combattre le
VIH/SIDA, le paludisme et autres maladies
7 - Assurer un environnement
durable
8 - Mettre en place
un partenariat mondial pour le développement
Pour plus d’explications
sur les OMD, voir: www.un.org/french/millenniumgoals/index.html
En 2005, une étude au niveau mondiale a été faite pour évaluer la progression
(ou non) de ces objectifs dans tous les pays. Les autres sujets adjacents tels
que l’abolition de la dette, le commerce équitable et l’aide au développement
sont tout aussi importants pour assurer un développement à long terme dans les
pays africains. Cependant les OMD mettent clairement l'accent sur la façon dont
les pays du Nord comme du Sud s’engagent à progresser dans l'avenir immédiat.
Éradiquer l’extrême
pauvreté et la faim
Pour le premier
objectif deux cibles ont été établies et retenues au niveau mondial :
Cible 1 Réduire
de moitié entre 1990 et 2015, le nombre de personnes dont le revenu est inférieur
à un dollar par jour.
Cible 2 Réduire
de moitié entre 1990 et 2015, le nombre de personnes qui souffrent de la faim.
Telles sont les
promesses faites par tous les 191 états membres des Nations Unies.
Action proposée.
Pour montrer notre engagement dans l'éradication de la pauvreté extrême (cible
2 ci-dessus), l’USG/UISG et la Caritas Internationalis ont décidé de se joindre
au Programme Alimentaire Mondial (PAM) lors d’une journée d’action mondiale.
D’autres Églises, organisations musulmanes et ONG soutiennent cette campagne
mondiale dans un élan de solidarité.
Le 21 mai 2006, il est prévu d’avoir plus d’un million de personnes participants
à des marches dans 325 lieux pour collecter des fonds et rappeler aux politiciens
leurs engagements pour les pauvres. La marche commencera à 10h 00 et aura lieu ce jour-là sur 24 heures
dans 24 zones horaires, en commençant à Auckland en Nouvelle Zélande. L’an dernier
plus de 201 000 personnes ont marché dans 91 pays et collecté assez d’argent
pour nourrir 70 000 écoliers pendant un an ! Cette campagne s’appelle « Combats la faim, Parcours le Monde ».
Nous les Missionnaires d’Afrique, pourrions aussi participer à cette marche
ou la soutenir d’une autre façon. En visitant http://www.fighthunger.org/faq/fr nous
pouvons trouver où vont se dérouler des marches près de nos communautés. Pour
ceux d’entre vous qui ne peuvent pas y participer, il y a une autre façon de
faire à partir de votre ordinateur : TNT, une entreprise internationale de logistique
et de courrier express, a décidé de soutenir et de sponsoriser cette marche.
En visitant le site mentionné, vous déclencherez une donation du sponsor de
19 centimes. Ceci est assez pour un repas scolaire en Afrique. Faire cela chaque
jour serait un moyen simple d’aider les programmes de nourriture scolaire en
Afrique. Il ne s’agit pas d’une approbation de cette compagnie, mais simplement
de profiter de ses services.
Conclusion
Ce sont là de petites actions concrètes que nous pouvons aider. Il y a là
un défi pour chacun d’entre nous de rendre cette réalité plus présente dans
notre prière et dans les célébrations eucharistiques. Peut-être que durant le
carême 2006 nous pourrons réfléchir ensemble sur les façons de concrétiser ce
défi.
Dans le passé, des communautés ont, choisi un projet en Afrique pour exprimer
leur solidarité avec une situation particulière. J’espère que nous pourrons
discuter de cela dans nos communautés et voir s’il y a d’autres façons de manifester
notre solidarité avec l’Afrique.
La charité est nécessaire mais il nous faut aussi aider le monde à prendre
conscience de la tragédie de la famine
chez les enfants en Afrique et des promesses non tenues par nos dirigeants politiques.
Comme Saint Grégoire le rappelle à nous tous “c'est une justice que nous rendons.”
Fraternellement,
Jim Greene M. Afr.