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No 91 Septembre 2010.4
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27è Chapitre général des Missionnaires d'Afrique
Mission en Afrique et au monde
africain
Le 27è-e Chapitre des Missionnaires d'Afrique
(les Pères Blancs) s'est tenu à Rome du 10 mai au 12 juin 2010. Il réunit 42
capitulants dont la majorité avait entre 40 et 50 ans. Les deux plus jeunes,
aussitôt nommés scrutateurs, en avaient 39 et 40. Le continent africain était
représenté par quinze membres, les Amériques par quatre, l'Asie par un seul et
l'Europe par vingt deux.
À partir de la réalité
missionnaire
Le
Chapitre avait comme thème principal
Notre mission en Afrique et au monde africain et a suivi la méthode voir —
juger —agir. La première semaine s'est donc passée à « voir » la réalité de la
mission dans les différentes entités dont est composée la Société des
Missionnaires d'Afrique : dans les sept provinces en Afrique, aux Amériques, en
Europe et au Moyen-Orient. Si d'un peu partout venaient des demandes de
personnel, en vue de projets toujours prioritaires et dans la ligne de notre
charisme missionnaire, des graphiques et autres données nous rappelaient, si
nécessaire, l'âge certain de la majorité des confrères actuellement en Afrique.
Les signes d'espérance ne manquent cependant pas : la jeune génération, présente
au Chapitre, a pris les rênes de la Société, le nombre d'ordinations a augmenté
au cours des six dernières années, quarante pour cent des novices de cette année
ont demandé à faire leur stage de deux ans en milieu musulman, etc. Pour
conclure cette première étape, les députés ont pris le temps de prier et
d'écouter les appels que l'Esprit leur inspirait. De leur partage il ressort un
appel à l'unité, don de l'Esprit, un appel à reconnaître la complémentarité de
tous les ministères, à vivre la solidarité tant à l'intérieur qu'à l'extérieur
de la Société. Enfin et surtout, les membres du Chapitre ont accueilli un appel
au courage apostolique invitant à aller résolument de l'avant pour répondre aux
attentes formulées par le 2ème Synode pour l'Afrique, et cela en collaboration
avec les Églises locales.
Juger dans la prière, la réflexion et le
partage
Pour introduire l'étape du « juger », Mgr Maroun Lahham,
archevêque de Tunis, a donné une conférence inspirante sur Mission et religions
non chrétiennes et le Père Peter Balleis, s.j., responsable du JRS (Service
Jésuite aux Réfugiés), a partagé son cheminement dans la compréhension et la
pratique de la mission en Afrique. Le Chapitre a alors repris les deux
orientations prioritaires de la Société, orientations soulignées lors des deux
derniers Chapitres généraux (1998 et 2004): la rencontre avec l'islam et les religions
traditionnelles africaines, et l'engagement en faveur de la justice et de la
paix. Le mot d'ordre était la mise à jour de ces orientations grâce à une
écoute du 2ème Synode des Évêques pour l'Afrique ainsi qu'une attention
particulière aux réalités discernées au cours de l'étape du « voir ». Ce travail
s'est fait à partir de la prière, de la réflexion et des échanges dans les six
groupes de travail. Il s'est conclu par une journée de recueillement et de
partage qui avait pour thème Mission et
spiritualité. La mise en commun qui a suivi a permis de dégager les sources
d'inspiration et de motivation pour notre vocation au service de la mission.
Ensuite les autres thèmes du Chapitre ont été abordés: les finances, notre
mission en dehors de l'Afrique, la gestion de nos ressources humaines, la
formation et les structures. Pour introduire le premier de ces thèmes, les
capitulants ont entendu les conclusions et recommandations de l'étude
actuarielle réalisée par une compagnie irlandaise d'audit. Au terme de cette
deuxième étape, les élections ont débuté pour donner à la Société une nouvelle
équipe. C'est alors qu'a été élu le premier Supérieur général africain:
le Père Richard Baawobr, qui terminait son mandat de premier assistant
(2004-2010). À la grande joie de tous, il a accepté de rendre ce service à la
Société.
Faire un pas de plus pour la
mission
Débuta alors la troisième étape, celle de l'« agir ». Un
comité de rédaction s'était déjà mis au travail pour présenter par écrit les
résultats des réflexions et des débats. Il s'agissait maintenant de préciser et
de clarifier. À ce stade, l'orientation générale était d'inviter tous les
membres de la Société à faire un pas de plus dans leur engagement pour la
mission, quel que soit leur apostolat, ministère ou situation de vie. D'un
premier texte sur papier rose on passa à un deuxième sur papier bleu et enfin à
un texte à soumettre au vote sur papier ivoire ! Entre-temps, les nouveaux
assistants généraux furent élus : un Belge, missionnaire en Ouganda et président
du Consortium à Jinja; un Congolais, Provincial de notre Province d'Afrique
centrale; un Britannique, Supérieur délégué en Grande-Bretagne, et un Mexicain,
membre de l'équipe de notre maison de formation à Guadalajara. Le dernier
mercredi, les membres du Chapitre ont assisté à l'audience générale sur la place
Saint Pierre. Le Pape Benoît XVI les a encouragés à « toujours être plus dociles
à l'action de l'Esprit Saint, en continuant à travailler pour le Royaume de Dieu
dans la patience et dans l'espérance, en Afrique et dans le monde
».
Tout au long de ce parcours de cinq semaines, les
membres du Chapitre ont été accompagnés et guidés par deux modérateurs, dont le
dévouement, la compétence et la discrétion ont été beaucoup appréciés. Ils l'ont
été aussi par le Père Francis Barnes, Mafr., dont les conférences spirituelles
ont contribué à créer et maintenir un climat fraternel, une ambiance détendue et
surtout l'écoute de l'Esprit.
Six documents
majeurs
Le
Chapitre a produit six documents majeurs. Le premier, intitulé
Notre vision commune: un esprit
missionnaire apostolique, sert d'introduction générale. Il développe les
sources d'inspiration de motivation et de dynamisme missionnaires pour notre
mission et la vie fraternelle, en fidélité à nos traditions. Il contient en plus
de citations bibliques, plusieurs extraits des écrits du Cardinal Lavigerie, le
fondateur de la Société. Le deuxième document, qui est le
document principal du Chapitre, invite tous les membres de la Société à faire un
pas de plus dans leur engagement pour la mission, en particulier dans la rencontre et le dialogue interreligieux
ainsi que dans le service de la justice, de la paix et l'intégrité de la
création (JPIC) et dans celui de la réconciliation. Dans son introduction,
le document rappelle que ces deux volets de la mission se fondent sur le
Dieu-Trinité, qui est amour et relation. Il montre ensuite comment, tout au long
de l'histoire de la Société, ces deux volets de la mission ont été vécus, sous
des modalités différentes, selon les époques et les lieux. Il indique ensuite
les différentes formes d'engagement tant pour la rencontre et le dialogue que
pour JPIC et réconciliation Un accent particulier y est mis sur la rencontre et
le dialogue avec les musulmans. Une mention est faite de l'Institut pontifical
d'études arabes et islamiques (PISAI). En conclusion le Chapitre demande au
Conseil général de nommer un coordinateur qui aidera à la mise en pratique des
orientations et décision prises par le Chapitre. Les attributions de ce
coordinateur sont décrites dans un document annexe.
Le
troisième document parle de Notre mission hors de l'Afrique. Le
Chapitre rappelle que l'Afrique reste le lieu privilégié d'enracinement de sa
vocation pour tout Missionnaire d'Afrique. Il demande toutefois qu'un pas de
plus soit fait dans les engagements missionnaires au service du monde africain
en Europe et aux Amériques ainsi que dans les projets vocationnels de la Société
en Inde, aux Philippines, au Mexique et en Europe. Le quatrième
document intitulé Au service de nos
confrères et de la mission traite de la vie de communauté, des confrères en
difficulté et de la distribution du personnel de la Société. En ce qui concerne
ce dernier sujet, le Chapitre demande que le Supérieur général réunisse une fois
par an tous les Provinciaux pour préparer les nominations des confrères, ceci
afin d'assurer une répartition judicieuse du personnel disponible entre les
différents besoins de la mission, de la formation et des tâches
d'administration. Quant à la vie de communauté, le Chapitre invite fortement à
lui donner tout son sens et indique des pistes pour le faire. La partie la plus
élaborée de ce quatrième document concerne l'accompagnement et le soutien des
confrères en difficulté. Dans son rapport, le Supérieur général sortant avait
exhorté le Chapitre à poursuivre la réflexion sur l'attention à donner à ces
confrères, ce qui a été fait. La deuxième partie du document est le fruit
d'échanges francs et fraternels sur ce sujet.
Dans le cinquième document, le Chapitre
reconnaît avec joie l'augmentation des vocations. Il y voit une grâce et aussi
une responsabilité. Traitant de la
formation initiale, il indique comment assumer davantage cette
responsabilité aux différentes étapes de la formation. Le Chapitre appelle aussi
à promouvoir la vocation de Frère dans la Société et donne de nouvelles
orientations pour cette formation. Le dernier document traite
des questions matérielles et
financières. Le Chapitre s'est penché sur la question de la viabilité des
Provinces et a donné des orientations pratiques visant à la rendre possible. Il
rappelle tous les membres de la Société à leurs devoirs quant à la vie
matérielle et termine par des orientations qui visent à assurer la solidarité
avec l'Afrique et ses Églises locales. Enfin, le Chapitre communique à la
Société sa décision de garder le Généralat au 269 via Aurelia, Rome
(Italie).
Ambassadeurs convaincus et
convaincants
Lors de l'Eucharistie de clôture, le Père Richard
Baawobr, Supérieur général, disait dans son homélie : « Justice et Paix &
Rencontre et Dialogue »: il est clair que nous en sommes tous des ambassadeurs
convaincus et j'ose espérer tout aussi convaincants ! Cet aspect de notre
mission n'est pas une nouveauté pour notre famille missionnaire et nous ne
sommes pas non plus les seuls dans l'Église à en porter le souci. Si nous avons
revisité ensemble ces expressions fortes de notre charisme, c'est pour
actualiser ce que notre Fondateur, le Cardinal Lavigerie, nous a transmis
».
André-Léon
Simonart*
* -
Né en 1946 en Belgique, André-Léon Simonart est Missionnaire d'Afrique. Ordonné
prêtre en 1971, il exerce d'abord son ministère en Zambie puis fait des études à
Rome avant de passer de nombreuses années au service de la formation. Assistant
général de son institut de 1998 à 2004, il est actuellement supérieur du secteur
belge de la Province d'Europe et réside à Bruxelles.